Avec l’annonce du Plan eau, fin mars, le gouvernement a ouvert la voie à une meilleure utilisation des eaux usées dans l’industrie. Des mesures saluées par l’ABEA, l’Ania et l’Atla.
Enfin ! Les eaux usées vont bientôt devenir une ressource pour les industriels de l’agroalimentaire. Annoncé le 30 mars par Emmanuel Macron à l’occasion de la présentation du Plan eau, un décret officiel va venir autoriser et encadrer le recyclage et la réutilisation des eaux usées. Une orientation accueillie très favorablement par l’Ania (Association nationale des industries agroalimentaire), l’Atla (Association des transformateurs laitiers) et l’ABEA (Association bretonne des entreprises agroalimentaire).
Ces associations professionnelles militent depuis quatre ans pour une levée des freins règlementaires de cette pratique baptisée REUSE. « [Celle-ci] est largement éprouvée dans les autres pays européens. La qualité sanitaire de l’eau réutilisée fait l’objet de contrôles indépendants et est sécurisée grâce à des protocoles de maîtrise de risques et à des technologies de filtration de point, dans lesquelles les entreprises sont prêtes à investir, rappelle l’ABEA dans un communiqué. L’association représentant 200 industriels de l’agroalimentaire breton n’hésite pas à qualifier cette mesure de « déterminante » dans le cadre du Plan eau.
Viser une réutilisation de 10 %
En France, seul 1 % de l’eau usée est retraitée pour être utilisée une seconde fois, comme l’a rappelé Emmanuel Macron. C’est nettement moins que nos voisins, comme l’Espagne qui atteint 14 % d’eau réutilisée ou l’Italie, avec 8 % selon les chiffres de Water Reuse Europe collectés par le site Terre-net. L’objectif est d’atteindre dans l’Hexagone 10 % des eaux usées, retraitées et utilisée d’ici à 2030. « In fine, nous voulons réutiliser 300 millions de mètres cubes, soit trois piscines olympiques par commune, pour donner un exemple, ou 3 500 bouteilles d’eau par Français et par an, ce qui n’est pas rien et ce qui est faisable. En même temps, cela sera créateur d’activités économiques », a martelé Emmanuel Macron lors de son discours. Pour cela, 1 000 projets de recyclage des eaux, misant sur l’innovation, seront lancés en cinq ans et les procédures administratives seront facilitées et accélérées.
L’ABEA est l’un des pionniers en la matière, et anime depuis quelques années un groupe de travail « économies d’eau », ainsi que le programme ECO’DO auquel participe un ensemble de partenaires bretons privés et publics. À l’échelle de la Bretagne, une étude menée par l’association auprès de 28 sites industriels démontre que la levée des verrous règlementaires sur la REUSE va permettre d’économiser plus de 2,5 millions de mètres cube d’eau potable chaque année, soit l’équivalent de 1 000 piscines olympiques. Un potentiel énorme qui devrait permettre de mieux lutter contre les effets du réchauffement climatique.
Alexandre Couto