La Maison des eaux minérales naturelles (MEMN) présente sa feuille de route sur les emballages à usage unique et pointe des incohérences de la loi Agec.
La loi Agec (anti-gaspillage et économie circulaire), entrée en vigueur en 2020, impose aux industriels des objectifs ambitieux pour réduire les emballages à usage unique. Tellement ambitieux que certaines organisations professionnelles s’interrogent sur la faisabilité de ces objectifs. C’est le cas de la Maison des eaux minérales naturelles (MEMN), syndicat représentant 80 % du chiffre d’affaires de la filière des eaux naturelle, qui a présenté le 3 octobre sa feuille de route 3R (Réduire – Recycler – Réemployer). L’organisme juge certains objectifs de la loi peu « réalistes » – voire paradoxaux – pour mettre en place une économie circulaire.
Un focus sur les grands formats
Sur le volet de la réduction des emballages, la MEMN s’engage d’ici 2025 à réduire de 10 % le nombre de bouteilles en plastique. Un objectif qui représenterait 360 millions de bouteilles en moins, soit 12,1 kilotonnes. En revanche, le syndicat estime que la cible de - 50 % d’ici 2030, fixée par la loi Agec, est « confrontée à un problème de réalité ». En cause : des alternatives au plastique encore peu nombreuses et au bilan environnemental parfois peu favorable. Dans leur feuille de route, les minéraliers proposent de développer les grands formats à la fois plus économes en matériaux et moins susceptibles d’être abandonnés dans la nature. L’organisation professionnelle estime que les contenants de plus de 3 litres devraient ne pas être considérées comme des emballages à usage unique et donc échapper à une interdiction en 2040. Les producteurs ont déjà engagé des investissements importants pour proposer des formats allant jusqu’à 5 litres. Entre 2026 et 2028, c’est la part des très grands formats et des Bag-in-Box (5 à 20 litres) qui devrait augmenter, tandis qu’entre 2029 et 2031, le syndicat vise la mise en place de fontaines et d’armoires avec réemploi.
Vers un accès prioritaire au gisement de rPET
Le recyclage est également un point important sur lequel souhaite travailler le syndicat. Si les bouteilles plastiques sont entièrement recyclables, seul 61 % du gisement est effectivement collecté. La marge est donc importante pour atteindre les 90 % d’emballages de boissons collectés inscrit dans la loi Agec. La consigne pour recyclage des bouteilles plastiques est considérée comme un levier important afin d’atteindre cet objectif. Ce dispositif est cependant décrié par les collectivités locales. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a annoncé le 27 septembre qu’il ne serait pas généralisé en 2024. Un autre point essentiel de l’économie circulaire concerne l’incorporation de la matière recyclée. La MEMN déplore un accès au gisement de PET recyclé (rPET) encore trop faible pour permettre de créer une bouteille circulaire. Dans ce contexte, les producteurs s’engagent à réincorporer d’ici 2025, 25 % de rPET dans les bouteilles et bouchons et 50 % dans les films et packs de regroupement. Ce taux pourrait atteindre 100 % d’ici 2040, dans le cas d’un accès prioritaire au gisement.
Enfin, le secteur atteindra 5 % de réemploi en 2025, notamment au travers d’initiative de réutilisation de bouteilles en verre. Cependant, le syndicat semble circonspect quant à sa généralisation et estime que « le potentiel de réemploi verre à court terme sans augmenter l’empreinte carbone est faible », notamment à cause des effets de bord du transport et de la logistique. Le réemploi des bouteilles en PET, les armoires avec réemploi et le vrac avec réemploi sont d’autres alternatives envisagées par la MEMN.
Alexandre Couto