Les professionnels de la dinde sont vent debout contre le projet de directive sur les émissions industrielles (IED) qui prévoit d’abaisser les seuils d’autorisation, de 40 000 à 9 333 animaux pour les élevages de dindes. Selon l’Anvol et le Cidef, 73 % des élevages français ne l’obtiendraient pas car les investissements nécessaires sont trop onéreux.
Colère dans la filière dindes. Dans un communiqué du 5 décembre, l’interprofession de la volaille française (Anvol) et le Comité Interprofessionnel de la dinde française (Cidef) indiquent regretter l’adoption, dans la nuit du 28 au 29 novembre, par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne, de l’accord européen relatif à la directive sur les émissions industrielles (IED). Celui-ci fixe des seuils différenciés selon les espèces de volailles alors que les parlementaires européens avaient massivement voté contre l’abaissement des seuils d’application en porc et en volaille en juillet 2023. Le seuil des élevages de poulets reste inchangé à 40 000 individus, mais celui de la dinde passerait à 9 333 animaux (l’équivalent d’un bâtiment de dinde conventionnelle de 1 200 m²). Les deux organisations françaises souhaitent un statu quo , avec un seuil homogène à 40 000 animaux, toutes volailles confondues. Un abaissement à 9 333 animaux contraindrait 73 % des élevages de dindes à devoir disposer d’une autorisation d’exploiter.
La directive en l’état obligerait par ailleurs tous les élevages de plus de 9 333 animaux à s’équiper des Meilleures techniques disponibles (MTD) pour réduire leur impact environnemental. Ces investissements sont évalués à plus de 80 millions d’euros pour l’ensemble de la filière française, précisent l’Anvol et le Cidef. Des « investissements massifs » que les acteurs de la filière ne peuvent pas se payer. La filière serait aussi entravée par un régime d’autorisation avec enquête publique, jugé « très contraignant » par une filière déjà touchée par les vagues d’influenza aviaire ces dernières années.
Cet accord en l’état « serait mortifère pour la filière dindes en France » dont l’auto-approvisionnement est pour la première fois descendu sous la barre des 100 % en 2023. Cet accord est par ailleurs dépourvu de toute clause miroir, ouvrant la porte aux importations, ne répondant ainsi pas aux mêmes exigences que les élevages français. L’Anvol et le Cidef appellent les députés européens à maintenir leur position en refusant le vote de l’accord en l’état.
Valentin Ragot