À l’occasion du prochain Sial qui se déroulera du 19 au 23 octobre, l’étude Sial Insights, menée par Kantar, Circana et ProtéinesXTC, dévoile les trois marqueurs forts de la consommation alimentaire actuelle : l’émotion, le lien et l’attention. Décryptage.
De l’émotion, du lien et de l’attention : ce sont les trois tendances qui devraient marquer le prochain Sial, qui se déroulera du 19 au 23 octobre (lire l’encadré). À l’occasion de la présentation du salon, qui fêtera cette année ces soixante ans, les organisateurs ont dévoilé, le 13 juin, les moteurs de la consommation alimentaire, grâce à une étude exclusive menée par Kantar, Circana et ProtéinesXTC.
Malgré la crise, l’alimentation reste une valeur refuge et plus que jamais un vecteur d’émotion. « L’importance de l’alimentation plaisir se renforce chez les consommateurs », note Karin Perrot, directrice expert food chez Kantar. « Surtout dans le contexte actuel, où les petits plaisirs sont durs à avoir, il y a un intérêt pour de nouvelles émotions », souligne Xavier Terlet, expert innovation chez ProtéinesXTC. Même tendance dans la restauration, « où 60 % des personnes interrogées disent aller aux restaurants pour gouter de nouvelles choses que l’on ne peut pas cuisiner à la maison ». Selon ProtéinesXTC, plus d’un nouveau produit alimentaire sur deux (52 %), est lié au plaisir en 2023 versus 47 % en 2022.
La tendance du « tradi trendy »
Autre tendance majeure, celle du lien. Après les années Covid, on assiste à un retour en force de la convivialité dans l’alimentation, pour mieux résister aux préoccupations du moment. Pour près d’une personne sur trois, la convivialité entre dans les motivations de sortie au restaurant, souligne Circana. « C’est l’occasion d’explorer de nouveaux territoires gastronomiques venant d’abord de la restauration comme l’Afrique, l’Asie et la fermentation », estime Xavier Terlet de ProtéinesXTC. Selon Circana, la restauration rapide ethnique taille des croupières aux burgers en France. Les fastfood de tacos, kebabs et asiatiques sont le deuxième circuit contributeur en croissance de visites de la restauration rapide. La tradition connaît également un retour en force, avec la cuisine d’antan remise à l’honneur, pour renouer avec ses racines et affirmer une appartenance. « C’est le tradi trendy », constate Karin Perrot, directrice expert food chez Kantar.
Une quête de réassurance
Enfin, la quête d’attention est le troisième marqueur observé chez les consommateurs, d’après l’étude Sial Insights. « L’alimentation individuelle devient un levier majeur. Si la sécurité alimentaire est l’affaire de tous, la santé l’est en revanche pour chacun », estime Xavier Terlet, qui constate le développement de produits ciblés, par exemple « pour seniors, pour femmes enceintes, pour les problèmes de mémoire et d’articulations, mais aussi pour les femmes qui ont des règles douloureuses ». Selon Kantar, 74 % des personnes pensent que leur alimentation peut présenter un risque pour leur santé, un chiffre en progression de quatre points par rapport à 2022. Les attentes de réassurance persistent et les consommateurs se tournent vers des signes facilement décodables : attention marquée aux ingrédients (+ 7 pts à 44 %), choix de produits peu transformés (+ 2 pts à 72 %) et préférence pour des produits locaux et de saison (53 %). « Une personne sur dix affirme avoir cessé d’acheter certains produits au profit de produits éthiques », note Karin Perrot de Kantar. Par ailleurs, le segment des compléments alimentaires est en pleine croissance. « De plus en plus d’industriels de l’agroalimentaire s’intéressent à ce marché. Le mélange des genres entre les laboratoires et les IAA est intéressant à observer », souligne Xavier Terlet.
Même si la question du prix des produits reste une préoccupation clé dans l’acte d’achat, près de 65 % des consommateurs sont prêts à payer plus cher pour des produits plus sains. Ce chiffre progresse de trois points en deux ans, au niveau mondial. « Le prix pour le prix n’est plus un argument valable. Il faut un bénéfice. La grande distribution a gagné en termes d’image prix depuis la crise de l’inflation, par rapport au hard discount », constate Emily Mayer, directrice Business Insights chez Circana.
Adrien Cahuzac