Face au décrochage de l’agroalimentaire français et à l’augmentation des importations, Dominique Chargé, le président de La Coopération agricole, souhaite des mesures d’urgence pour permettre aux coopératives de « proposer une stratégie alimentaire conquérante ».
« Il est urgent d’agir. On a perdu trop de temps. Chaque jour nous menace davantage. On ne peut plus se permettre d’attendre », a lancé le 4 septembre, Dominique Chargé. Le président de La Coopération agricole ciblait particulièrement le futur nouveau gouvernement, toujours attendu, ainsi que les nouveaux parlementaires. Face à la situation économique actuelle de la France, avec un décrochage de nos productions agricoles, « une balance commerciale qui sera catastrophique pour 2024 » et un défaut de capacités d’investissements des entreprises, Dominique Chargé réclame des mesures d’urgence pour permettre aux coopératives de « proposer une stratégie alimentaire conquérante ». Mais pour lui, cela doit d’abord passer par « un redressement de la compétitivité, accélérer l’accompagnement des transitions et adapter la production aux nouveaux modes de consommation ».
Selon La Coopération agricole, un des problèmes majeurs qui pénalise la compétitivité des entreprises tricolores est le coût global de la main-d’œuvre en France. « Le coût du travail est de 43,3 euros de l’heure contre 36 euros dans la moyenne de la zone euro », a rappelé Dominique Chargé. Autre priorité : réorganiser le parc industriel pour l’adapter à l’évolution de la production et à celle des nouveaux modes de consommation. Les professionnels attendent toujours la concrétisation du fonds d’investissement de 500 millions d’euros dédié à la filière agroalimentaire, annoncé par le gouvernement en mars 2023. Si l’arrêté autorisant la souscription de l’État à ce « Fond Industries Agroalimentaires – I2A » pour un montant de 200 millions d’euros, a été publié le 5 juin au Journal Officiel, la partie venant d’investisseurs privés tarde à se concrétiser, selon La Coopération agricole. Enfin, l’adaptation de la production aux nouveaux modes de consommation passera notamment par la « reconquête des productions d’entrée et cœur de gamme ». Pour cela, « il ne faut pas davantage de législations et de normes, mais un choc de compétitivité et que les acteurs de la chaîne alimentaire puissent mieux coopérer », a-t-il souligné, espérant être entendu par le futur gouvernement. Un gouvernement qui aura bien du mal à faire passer des réformes, tant la majorité à l’Assemblée nationale risque de lui être difficile à trouver.
Adrien Cahuzac