Le brasseur néerlandais va transférer dans les trois ans sa production alsacienne vers ses unités de Mons-en-Baroeul (59) et Marseille (13).
Clap de fin pour l’Espérance ! Le brasseur Heineken vient d’annoncer la fermeture ou la cession d’ici trois ans de la brasserie de l’Espérance, à Schiltigheim (67). Entrée dans le groupe en 1972, elle dispose d’une capacité de production de 1,7 Mhl et emploie 220 salariés. Présenté aux représentants du personnel et aux salariés le 14 novembre, cette restructuration vise à « préserver la compétitivité de l’entreprise à long-terme », comme l’a précisé à RIA un porte-parole de Heineken France.
« Ce site souffre de nombreuses contraintes du fait de sa localisation », déplore Pascal Gilet, P-dg d’Heineken France. Coûts de production trop importants, enclavement en plein centre-ville, éloignement des viviers de consommateurs du Sud et de l’Ouest de la France, trop petites séries de production… Schiltigheim fait face à de nombreux handicaps structurels. « La production de chaque hectolitre nécessite 30 % d’eau et 60 % de gaz en plus que dans les autres brasseries françaises du groupe, à Mons-en-Barœul, dans le Nord, ou Marseille, dans les Bouches-du-Rhône », prévient le porte-parole.
Transfert de la production
D’ici 3 ans, les volumes produits à Schiltigheim (Heineken, Desperados, Edelweiss, Affligem, Gallia) seront transférés à Marseille et Mons-en-Barœul (Nord) où un plan d’investissement industriel de près de 100 M€ est annoncé pour leur modernisation, leur agrandissement et l’amélioration de leur performance environnementale. « L’essentiel des volumes devrait plutôt être transféré dans le Nord, l’unité marseillaise étant plus difficile à agrandir en raison de son implantation dans une zone fortement urbanisée », explique Heineken France. En revanche, la marque Fisher restera produite en Alsace, probablement par une micro-brasserie qui reste à construire.
La direction d’Heineken France s’engage à négocier un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) au cours des prochains mois et à proposer des opportunités de reclassement interne à l’ensemble des salariés de Schiltigheim. « Une cinquantaine de postes devrait être créée à Mons et à Marseille, auxquels s’ajoute une centaine liée au turn-over naturel », précise le porte-parole. En parallèle, une recherche active de repreneur sera lancée, en lien avec les collectivités locales et les services de l’Etat.
Des ventes en recul
Depuis 2016, Heineken a vu ses parts de marché s’effriter en France, tant en GMS (de 32,4 % à 31,3 % en 2021 en volume), qu’en hors domicile (de 28,3 % à 23 %). Cette perte de terrain s’expliquerait par l’augmentation du coût des matières premières et de l’énergie, l’impact de long-terme de la crise sanitaire sur le secteur des cafés-hôtels-restaurants (CHR) et une concurrence accrue de la part des brasseries indépendantes toujours plus nombreuses et des grands compétiteurs européens. « Heineken exploite 57 brasseries en Europe contre à peine une quinzaine pour chacun des groupes ABInBev et Carlsberg », illustre le porte-parole.
Heineken France a réalisé 1,62 Md€ de CA en 2021, dont 1,23 Md€ pour son pôle brasserie Heineken Entreprise. Avec sa filiale de distribution France Boissons, le groupe emploie 3 700 salariés en France dont 1 400 dans les 3 brasseries de Heineken Entreprise.
F. B.