Le thème de la souveraineté alimentaire et de la compétitivité était à l’honneur du congrès de La Coopération agricole qui se tenait le 14 décembre.
« La souveraineté alimentaire française est menacée. Les importations ne cessent d’augmenter. Les marges s’affaiblissent, empêchent les industriels d’investir et pénalisent la compétitivité », a martelé Dominique Chargé, le président de La Coopération agricole, le 14 décembre, lors du congrès annuel de la fédération. En cause en partie selon lui : la forte augmentation des coûts de l’énergie et l’incapacité pour les industriels de répercuter les hausses. Selon un rapport récent de l’Inspection générale des finances (IGF), en 2022, l’industrie agroalimentaire a vu ses marges fondre de 16 %, absorbant ainsi une partie de l’inflation. Mais le patron des coopératives agricoles françaises accuse également les pouvoirs publics et l’administration de pénaliser le secteur. « Il y a une méconnaissance du maillon industriel par les Français. C’est l’angle mort des pouvoirs publics. C’est un maillon qui n’est ni connu, ni pris en considération. Ajouté à cela, l’Autorité de la concurrence empêche le secteur de se structurer », a-t-il expliqué.
Souhaitant bâtir l’industrie alimentaire du futur, La Coopération agricole a présenté quatre axes stratégiques « devant être traités de manière globale » :
- Décarboner, avec des investissements spécifiques pour réduire les émissions de CO 2 et stocker le carbone. L’ambition du secteur est d’atteindre le « zéro émission net », en 2035. Cela passe également par le développement de l’économie circulaire pour lutter contre le gaspillage. « Il faut pour cela construire des chaînes alimentaires en flux tirés afin de mettre en adéquation l’offre de production à la demande du marché, de manière réactive et immédiate », estime Dominique Chargé.
- Moderniser. Avoir des outils plus productifs et connectés. Travailler sur la robotisation des chaînes de production pour diminuer la pénibilité et améliorer la productivité. « En France, l’appareil de production est sous-robotisé. Il y a 200 robots pour 10 000 salariés, soit moitié moins qu’en Allemagne », regrette le président de La Coopération agricole.
- Attirer, pour rendre les métiers et les parcours professionnels plus attractifs. « Près de 40 000 emplois ne sont pas pourvus dans le secteur agroalimentaire aujourd’hui. Selon les projections, 1,3 million de postes qualifiés ne trouveront pas preneur dans nos métiers à horizon 2030, faute de candidats et d’adéquation entre les besoins et les compétences », affirme Dominique Chargé qui estime qu’il faut une meilleure adéquation entre des formations et les besoins en entreprises.
- Ancrer les usines dans leur écosystème territorial en ouvrant les usines sur l’environnement et renforçant les interconnexions avec la société. « Un emploi salarié entraîne 10 emplois induits dans le territoire », rappelle la fédération.
Mais comment y arriver ? « Le besoin numéro un est le pragmatisme, pour assurer la viabilité économique des entreprises », insiste Dominique Chargé. Pour lui, cela doit passer notamment par un plan de protection de l’industrie française et européenne, la réduction de la complexité et du temps administratif et la prolongation et l’extension de la campagne de la communication des « #Entrepreneurs du vivant » aux métiers des IAA.
Adrien Cahuzac