À l’appel de Bruno Lemaire notamment, les représentants des grands groupes agroalimentaires se sont engagés à revenir à la table des négociations avec les distributeurs pour baisser leurs prix. Mais sous conditions.
Ils sont 75 grands fournisseurs de marques nationales vendus en grandes surfaces à avoir officiellement consenti le 17 mai à réaliser un effort sur leurs marges, à l’appel de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, et Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme. Ils se sont engagés ainsi à réouvrir les négociations commerciales avec l’ensemble des distributeurs, en vue de faire baisser l’inflation des produits de grande consommation, affirme un communiqué du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle.
L’accord prévoit cependant deux conditions nécessaires à leur engagement : qu’ils aient vu le prix de cession de leurs produits augmenter de plus 10 % dans les conventions signées au 1er mars 2023, par rapport aux précédentes conventions en vigueur et qu’ils aient connu une baisse du coût de l’un de leurs intrants, affectant le prix de production, de plus de 20 % depuis le 1er mars 2023. Les PME seront donc exclues de ces renégociations.
Les ministres ont assuré qu’ils suivraient avec attention la concrétisation de l’engagement public pris aujourd’hui par les industriels. Il devra permettre de faire baisser l’inflation des produits de grande consommation d’ici la rentrée. Les ministres appellent donc également les distributeurs à répercuter le plus rapidement possible la baisse des tarifs renégociés dans les prix de vente aux consommateurs.
Le secteur laitier exempté
« Les renégociations se dérouleront dans le cadre législatif et réglementaire prévu par les lois Egalim 1 et Egalim 2, notamment via l’aménagement des clauses existantes, afin de protéger le revenu des agriculteurs. Dans ce cadre, les organisations professionnelles invitent les grands industriels concernés à prendre l’engagement de ne pas faire peser sur la filière agricole nationale les efforts qui leur sont demandés », expliquent l’Ania et l’Ilec dans un communiqué du 17 mai.
L’association Adepale a salué « la responsabilité du Gouvernement de préserver les PME de toutes renégociations commerciales » mais a regretté l’absence de prise en compte des ETI dans ce dispositif. Selon elle, « les ETI sont aujourd’hui tout aussi victimes que les PME de l’affaissement de leur marge en raison des conséquences de la guerre en Ukraine, du dérèglement climatique et de la persistance d’une certaine désorganisation de la chaîne logistique mondiale, le tout sous la pression des distributeurs. Les ETI adhérentes de l’Adepale n’ont pas la capacité de renégocier et ne sont pas engagées par cette position », a réagi l’association dans un communiqué.
La Fédération nationale des industries laitières (Fnil) s’est de son côté félicité que les entreprises laitières soient exemptées du dispositif. « Bruno Le Maire a reconnu que les entreprises laitières privées ont pris leur part, en responsabilité et en conscience de ce que pèse l’inflation sur le budget des ménages, dans la rémunération des producteurs de lait et la préservation du pouvoir d’achat des Français, malgré des résultats d’exploitation en berne et des marges nettes fragilisées par l’inflation de leurs coûts de production », a déclaré François-Xavier Huard, président-directeur général de la Fnil.
Adrien Cahuzac