Le groupe Lactalis réclame plus d’un milliard d’euros de dommages et intérêts à Eurofins, estimant que le laboratoire n’a pas mené correctement ses analyses en 2017, n’ayant pas décelé la contamination aux salmonelles de laits infantiles. Eurofins juge cette demande infondée.
Selon le média d’investigation L’Informé, le numéro un français de l’agroalimentaire Lactalis estime que le laboratoire Eurofins n’a pas mené correctement ses analyses en 2017, étant de fait responsable du scandale de la contamination aux salmonelles de laits infantiles qui s’en est suivie. Plusieurs dizaines de nourrissons avaient été atteints fin 2017 en France de salmonellose. Le lien avait été fait avec leur consommation de laits infantiles des marques Milumel et Picot, produits à l’usine de Craon (Mayenne).
Le groupe laitier a déposé fin mars une assignation au tribunal de commerce de Paris visant deux filiales du laboratoire Eurofins : Eurofins laboratoire de microbiologie Ouest (ELMO) et Eurofins NDSC Food France et leurs assureurs, XL Insurance et HDI Global.
Lactalis estime que les deux filiales d’Eurofins sont « responsables du dommage subi (par Lactalis) consécutif à l’absence de détection par ces dernières de la contamination des produits à salmonella agona », rapporte L’Informé. Le groupe laitier évalue ce dommage à 1,07 milliard d’euros.
Dans un communiqué du 21 novembre, le groupe Eurofins juge « cette demande sans fondement », estimant que « Lactalis cherche à masquer sa propre responsabilité ».
« Ignorant les résultats des analyses de ELMO ayant notamment révélé à plusieurs reprises depuis 2009 et à nouveau dès août 2017 la présence dans l’usine de Craon du pathogène ayant contaminé les bébés, Lactalis ne semble pas avoir mis en œuvre de façon appropriée les procédures de contrôle et de retrait prévues dans de tels cas », détaille Eurofins, qui estime qu’une « réaction adaptée aurait permis d’éviter la crise de 2017 ».
« Face à ses propres carences et pour éviter de faire face à sa responsabilité, Lactalis formule une demande d’indemnisation sans fondement et ne fournit aucune information sérieuse quant au préjudice subi. La démarche de Lactalis est d’autant plus infondée que le Groupe Lactalis n’a cessé, de 2017 à aujourd’hui, de confier des analyses à ELMO, témoignant de sa confiance dans le travail réalisé », ajoute Eurofins.
Adrien Cahuzac