La Fict indique dans un communiqué que les fabricants de charcuterie français sont toujours pris en tenaille et ne peuvent pas baisser leurs prix, comme l’aimerait pourtant Bruno Le Maire.
Pas question pour les industriels du lait et de la charcuterie de baisser leur prix dans l’immédiat. Ils se disent ainsi opposés à la demande du ministre de l’Économie d’avancer le calendrier des négociations commerciales pour réduire l’inflation des prix alimentaires. Leur argument ? Les faibles rentabilités des entreprises et la situation périlleuse des trésoreries. Depuis le début de l’année 2023, déjà 19 entreprises ont fait faillite pour le secteur de la charcuterie industrielle, indique la Fédération des industriels de la charcuterie traiteur (Fict). « Dans ce contexte économique intenable, il est impératif que les entreprises de charcuterie, quel que soit leur chiffre d’affaires, soient exonérées des renégociations à la baisse et de l’avancée des négociations annoncées par Bruno Le Maire. Le secteur est très lié à l’amont agricole » et au prix d’achat de la matière carnée, souligne Martine Leguille-Balloy, présidente de la Fict, citée dans le communiqué du syndicat. « On nous demande d’investir de plus en plus dans la décarbonation, les économies d’eau et mieux rémunérer les agriculteurs, en même temps que nos coûts augmentent. On ne pourra pas revenir à des prix d’avant crise », a insisté le 19 septembre, François-Xavier Huard, le P-dg de la Fédération nationale des industries laitières (Fnil).
Des coûts toujours élevés
En plus de la pression du ministre de l’Économie pour baisser les prix, les sociétés qui composent la filière charcuterie doivent faire face à un prix du porc toujours au-dessus de 2 € le kilo, alors qu’il était à 1,20 € début 2022, une érosion des ventes des produits de charcuterie et des contrats d’énergie signés au prix fort l’année dernière, non négociables avant la fin des contrats. Entre les cuissons et les installations frigorifiques, les fabricants de charcuterie sont de gros consommateurs d’énergie. Enfin, l’augmentation des salaires et des tarifs des transports étranglent un peu plus un secteur dans la difficulté.
« Nous avons conscience de l’enjeu de l’inflation pour les consommateurs. L’intérêt pour les entreprises est que leur tarif soit le plus bas possible pour ne pas être un frein à l’achat… à condition que le tarif permette d’assurer la pérennité de l’entreprise », ajoute Martine Leguille-Balloy. La Fict rappelle que les distributeurs appliquent un taux de marge nette de 9,7 % selon le rapport 2023 de l’Observatoire de la formation des prix et des marges, soit quatre fois plus que la moyenne des autres rayons.
À travers ces demandes de baisses de tarifs voulus par le ministre de l’Économie, les industriels du lait et de la charcuterie redoutent un affaiblissement des entreprises françaises qui entraînerait une hausse des importations. « La consommation pour les produits laitiers reste soutenue. Si on ne fait rien face à la baisse régulière de la production laitière, la France ne pourra plus satisfaire sa demande intérieure en 2027 », a prévenu François-Xavier Huard.
Valentin Ragot et Adrien Cahuzac