Lors du Comité de suivi des négociations commerciales, réuni le 20 janvier, les ministres Annie Genevard et Véronique Louwagie, ont reconnu des « tensions dans les relations commerciales actuelles », tout en appelant à la « responsabilité » des parties prenantes. Les représentants des industriels ont dénoncé l’attitude des distributeurs.
Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, et Véronique Louwagie, ministre déléguée en charge du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes entreprises et de l’Économie sociale et solidaire, ont réuni, le 20 janvier, les représentants des producteurs agricoles, des transformateurs industriels et des distributeurs dans le cadre d’un Comité de suivi des négociations commerciales 2024-2025.
« Celui-ci a permis de constater que, dans un contexte de difficultés de l’amont agricole qui affecte en cascade les industriels et les distributeurs, les relations commerciales restent marquées par un niveau de rigidité et de tension non négligeable, que les lois Egalim ne parviennent que modérément à diminuer », indique le communiqué commun des deux ministères, publié le 20 janvier, à l’issue de ce premier comité.
D’après les témoignages recueillis lors de ce comité, « chacun s’accorde également pour signaler un contexte de hausses des coûts, tant agricoles qu’industriels, qui explique les divergences d’analyse entre acteurs, souvent exposées publiquement. Il en résulte une forte tension entre les distributeurs, abordant les négociations avec un objectif de déflation, les industriels ayant besoin de reconstituer leurs marges pour investir et rester compétitifs, et l’amont agricole, ayant l’impression que la négociation peut se faire au détriment de leur rémunération », souligne le communiqué.
Les ministres ont donc appelé les acteurs à « la responsabilité, pour que chacun fasse un pas vers l’autre pour passer de la guerre des prix à la création de valeur ».
« Le compte n’y est pas » pour les PME-ETI
Suite à ce premier comité de suivi des négociations commerciales, les organisations représentant les industriels n’ont pas manqué de réagir, rappelant les difficultés économiques de leurs adhérents.
« Pour l’instant, le compte n’y est pas pour les PME et les ETI », a commenté Léonard Prunier, le président de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef). « Nos entreprises demandent une revalorisation de leur prix de vente à leurs clients distributeurs de 3 à 4 % ; demande jugée raisonnable par plusieurs dirigeants de la distribution », a-t-il poursuivi. Le syndicat souligne que les prix de revient continuent d’augmenter : « + 4 % sur la Matière première agricole (MPA), + 5 % sur les Matières premières industrielles (MPI) et + 9 % sur l’énergie, a minima doublement des taxes des agences de l’eau et multiplication par 2 ou 3 des “taxes” Citeo ». La fédération demande que « que chaque dirigeant d’enseigne fasse bien appliquer la différenciation PME-ETI dans les box de négociations en s’appuyant sur les accords signés avec la Feef et que le législateur mette en place un régime juridique adapté aux PME-ETI pour les relations commerciales, régime qui doit tenir compte du déséquilibre significatif dans la relation et qui doit passer par un choc drastique de simplification ».
Mêmes réserves et demandes de la part de Pact’Alim. « Les ETI et PME de l’alimentation appellent à un strict respect de la loi Egalim et au renforcement des indicateurs de production et de marché, qui doivent servir de référence tout au long de la chaîne, de l’amont à l’aval », a souligné le 21 janvier, Jérôme Foucault, le président de Pact’Alim.
Un sondage réalisé par Pact’Alim auprès de ses adhérents révèle que 75 % des entreprises ont adressé aux distributeurs des demandes de hausses tarifaires, autour de + 3 % en moyenne. À l’inverse, elles reçoivent de manière systématique d’importantes demandes de baisse de la part des distributeurs : entre - 2 et - 5 % en moyenne, et jusqu’à - 7,5 %, affirme le syndicat.
« Il est particulièrement préoccupant de constater que près de 80 % des entreprises indiquent que les coûts des matières premières agricoles ne sont pas pris en compte par les distributeurs dans les discussions, et 73 % estiment que cette prise en compte s’est même dégradée par rapport à l’année précédente », insiste Pact’Alim.
Le syndicat appelle à « une stricte application des lois Egalim, garantissant une répartition équitable de la valeur entre producteurs, transformateurs et distributeurs, un renforcement des contrôles et des sanctions par les autorités compétentes pour lutter contre les pratiques commerciales abusives et une reconnaissance effective des coûts réels supportés par les PME et ETI de l’agroalimentaire, incluant les matières premières agricoles et industrielles, l’énergie, les emballages, les transports, les services et les salaires ».